Menu
Libération
Reportage

Hanoi mise sur la manne des anciens boat people

Article réservé aux abonnés
Le régime encourage les «Viêt-Kieu» à rentrer.
publié le 9 mai 1995 à 5h12
(mis à jour le 9 mai 1995 à 5h12)

«Je suis revenu au Viêt-nam parce que c'est mon pays. Ma famille en France ne l'approuve pas vraiment. Mon père, qui refuse d'y remettre les pieds, a toujours l'image d'un Viêt-nam communiste policier et fermé au reste du monde.» Revenu pour la première fois, en 1987, en touriste, installé définitivement depuis deux ans à Saigon, l'ancienne capitale du Viêt-nam du Sud rebaptisée Hô Chi Minh-Ville, Le Long Duc, 30 ans, a ouvert un cabinet d'urbanisme. «Pour réaliser mes projets, mes ambitions, comme tout jeune entrepreneur...» dit-il. Ce diplômé de l'Ecole d'architecture de Paris emploie aujourd'hui sept architectes vietnamiens à plein temps, et trois autres en free lance. Abandonnant biens et maisons, ses parents ont fui, en 1976, le Viêt-nam réunifié après la victoire communiste d'avril 1975. De cette «tragédie familiale», il n'a gardé aucune rancune: «La réconciliation entre le Nord et le Sud est faite depuis longtemps. Ici, on n'en parle plus...» assure-t-il prudemment.

Plus de 250.000 «Viêt-kieu» (Vietnamiens d'outre-mer) sont revenus au Viêt-nam en touristes en 1994. Ce sont pour la plupart d'anciens boat people, ces réfugiés, près de deux millions, qui ont dû fuir le Sud du pays réunifié avec le Nord sous le joug communiste, en 1975, et qui ont trouvé asile aux Etats-Unis, en Australie, en France ou ailleurs. D'autres, comme Le Long Duc, moins nombreux, ont choisi de s'y réinstaller. Avant tout, pour des raisons économiques, mais aussi sentimentales. «Mais il faut le f