COULISSES
Rapprochement sino-russe Jiang Zemin, le président chinois, a été le premier hôte étranger à prendre la parole hier lors de l'inauguration du musée de la Grande Guerre patriotique à Moscou. La veille, Boris Eltsine avait lancé un vibrant appel en faveur d'un nouveau «partenariat russo-chinois». Alors que les dirigeants occidentaux ont manifesté de (tardives) réserves à l'encontre de l'intervention russe en Tchétchénie, ce rapprochement de Moscou avec son puissant voisin asiatique prouve-t-il que la Russie est en train de pencher vers l'Est? Des rumeurs persistantes font état à Moscou de sérieux différends entre le Kremlin et le chef de la diplomatie russe, Andrei Kozyrev, qui, samedi, s'est défendu d'avoir «affaibli» la position de la Russie en privilégiant ses bonnes relations avec les États-Unis. La direction russe a au moins trois raisons de manifester une certaine réticence vis-à-vis de l'Occident alors que se tient à Moscou un difficile sommet Eltsine-Clinton: d'abord, les protestations américaines à propos du projet de vente de matériel nucléaire à l'Iran viennent gêner la nouvelle stratégie de Moscou, qui veut s'assurer des alliés au sud. Ensuite, l'intention de l'Otan d'intégrer plusieurs pays frontaliers de la Russie ressusciterait, selon Eltsine, «une logique de blocs qui pourrait conduire à l'abîme nucléaire».
Surtout, les responsables russes ne partagent pas le dogme occidental selon lequel la défense des droits de l'homme transcende les frontières. Les