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Libération

Coulisses Genève : la guerre des langues

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publié le 12 mai 1995 à 5h07

La guerre des langues

Sous prétexte d'économies budgétaires, le français, l'espagnol et les autres langues de travail (russe, arabe, chinois) sont-ils en voie d'être sacrifiés au sein des organisations internationales au profit de l'anglais? C'est l'avis de certains diplomates, qui dénoncent les manoeuvres américaines. Le dernier esclandre n'est pas encore terminé: le service de traitement de texte espagnol de l'OMS était en voie d'être laminé, puisque des huit postes, six venaient d'être supprimés, lorsque Madrid a réagi vigoureusement. Aux dernières nouvelles, l'OMS envisagerait de faire marche arrière et jugerait a posteriori ces coupes budgétaires intempestives... Alain Zonco, chef du service français de traduction de l'OMS constate: «En une quinzaine d'années, en dépit de notre combativité, mon service est passé de 22 à 12 traducteurs. Si l'on n'est pas vigilant, le plurilinguisme est à terme menacé dans le système onusien.» La France n'a pas hésité à menacer de suspendre les contributions financières si les traductions de certains documents n'étaient pas accomplies. Un diplomate confie: «Nous en avons ras le bol. La francophonie représente une quarantaine de pays, mais en dépit de ce fait, depuis vingt ans, l'on assiste à l'éviction progressive du français au profit de l'anglais, alors qu'au terme des règlements, ce sont les deux seules langues de travail des Nations unies. Nous sommes aujourd'hui décidés à durcir le ton.» Depuis six mois, une association s'est même co