Menu
Libération
Enquête

Trente mille disparus hantent l'Argentine. Les aveux des tortionnaires ont ébranlé le pays en lui rappelant son terrible passé.

Article réservé aux abonnés
publié le 15 mai 1995 à 5h01

Buenos Aires, envoyé spécial

Carlos Menem a été réelu président hier en Argentine, selon l'estimation de la chaîne privée Cadena 13 de Buenos Aires. Selon le sondage à la sortie des bureaux de vote de Cadena 13, le président sortant obtiendrait 47,7 % des suffrages, contre 34,2 à son principal adversaire José Octavio Bordon, candidat du front du pays solidaire (FREPASO, centre gauche). Cette élection a été marquée par les aveux des anciens tortionnaires de la dictature argentine : sept minutes de contrition pour sept années d'exactions, le mea-culpa télévisé du commandant en chef de l'armée de terre, le 25 avril dernier, a ébranlé l'Argentine en lui rappelant son passé. Quelques jours plus tard, ses collègues de l'aviation et de la marine ont eux aussi reconnu, au terme d'une justification tortueuse, «les erreurs et les horreurs» perpétrées sous la dictature militaire (1976 à 1983).

Ces horreurs, plusieurs repentis du terrorisme d'Etat venaient de les confesser à la presse, les détaillant jusqu'à l'insupportable. Certes, la commission présidée par l'écrivain Ernesto Sabato avait dressé, en 1985, un bilan officiel ­ et prudent ­ du «Nuit et brouillard» argentin, où sont recensés neuf mille cas de «disparition forcée» sur les trente mille dénonciations présentées par les parents des victimes. Mais c'était la première fois que les bourreaux passaient aux aveux, égrenant d'effroyables récits d'enfants torturés, de corps mutilés, de prisonniers jetés vivants à la mer... «Etrange p