Lorsqu'il a passé la semaine dernière à Jacques Chirac le coup de
téléphone traditionnel de félicitations, Bill Clinton aurait souligné, selon son porte-parole, la fraternité d'infortune heureuse qui lierait les deux hommes au motif que tous deux se sont trouvés, à un moment de leur campagne présidentielle, en troisième position dans les sondages et que tous deux ont finalement terminé l'épreuve avec le résultat que l'on sait. C'est là le genre de bon mot rituel dans la liturgie politique américaine, mais qui campe en l'espèce une ambiance qui est à la bonne humeur: habitués de longue date à voir dans la France un allié aussi désagréable en temps ordinaire que solide en temps de crise, les Etats-Unis ont dans l'ensemble accueilli l'élection de Jacques Chirac avec une sorte de curiosité sympathique, nonobstant les qualités de gaulliste impénitent de l'intéressé qui aurait, en d'autres temps peut-être, fait craindre ici le pire. Les réactions officielles ont été rares, tout comme les commentaires de la presse. Mais dans l'ensemble, nul ne s'attend, parmi les responsables américains, à une inflexion majeure de l'attitude ou de la politique de la France vis-à-vis des Etats-Unis. Les commentaires soulignent d'abord la dimension générationnelle dans l'élection de Chirac, sans s'attarder sur le fait que le nouveau président participe aux gouvernements de la France depuis un quart de siècle. Le New York Times, comme le Washington Post, ont insisté sur le fait qu'un leader né après l