L'abbé Pierre aime a rappeler le fraternel conseil qu'il donna un
jour au pontife romain. «Ne serait-il pas normal que le pape abandonne sa charge à 75 ans, comme tous les dignitaires de l'Église?» Jean Paul II avait souri au «saint de la zone» et répondu de manière sibylline: «Ça demande réflexion...» Alors que Karol Wojtyla, né le 18 mai 1920 à Wadowice, près de Cracovie, en Pologne, atteint ce jeudi l'âge de la mise à la retraite automatique pour les évêques, l'invite de l'abbé Pierre est obsolète. Diminué par la maladie mais toujours vaillant, l'«athlète de Dieu» a moins que jamais l'intention de laisser sa papamobile se rouiller...
Il a d'ailleurs tenu hier à dissiper tous les doutes. En s'adressant à 10.000 pèlerins qui lui ont souhaité bon anniversaire, il a déclaré qu'il renouvelait devant le Christ «l'offre de ma disponibilité à servir l'Église aussi longtemps qu'Il le voudra, en m'abandonnant complètement à Sa Sainte volonté». Il a prié le Seigneur de lui accorder de rester fidèle à son mandat épiscopal «jusqu'à la mort».
Il y a quelques mois, les ennuis de santé de Jean Paul II avaient nourri d'insistantes rumeurs sur son possible départ anticipé à l'occasion de ses 75 ans. La dernière démission papale remonte, il est vrai, à 1415, lorsque Grégoire XII rendit sa tiare alors que deux autres postulants à la papauté se disputaient les faveurs des monarques de la chrétienté. Un an après s'être cassé le col du fémur, le 28 avril 1994, Jean Paul II reste physiquement affai