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Portrait

MARC VAITER. .«Jésus» de Noisy s'est arrêté à Kigali

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Ce «messager de Dieu» a sauvé l'été dernier, au Rwanda, des dizaines d'orphelins tutsis. Rentré en France pour publier un livre, il s'apprête à repartir en Ouganda
publié le 19 mai 1995 à 4h54

Cet été 1994, un modeste orphelinat sur une colline de Kigali est devenu l'étape obligée de toute visite officielle, mission humanitaire ou délégation internationale. La presse entière y défile. Au Rwanda, dans la guerre civile qui semble s'apaiser, Marc Vaiter, français et maître des lieux, est devenu un héros.

Quelques semaines plus tôt, en avril 1994, lorsque éclatent les premiers massacres, les ambassades décampent, évacuant leurs ressortissants. Marc Vaiter refuse de quitter le pays. Et reste là, dernier Blanc de la ville ou presque, pour protéger les 40 gamins sans famille, dont il a pris la charge. Il voit brandir les machettes, tomber les obus. Tremble de peur, mais cache des hommes traqués dans le plafond de sa maison. Des miliciens hutus exigent qu'il désigne, parmi les petits orphelins, ceux qui sont de l'ethnie tutsie. Et lui, fusil contre le ventre, refuse de livrer les enfants.

«Son geste m'a bouleversé», explique Laurent Beccaria, responsable de collection aux éditions Plon. Pendant les événements, juste avant que les lignes téléphoniques ne soient coupées, il arrive à joindre Marc Vaiter. «Si vous en réchappez, faites-moi un livre.»

Septembre 1994, à Kigali, retour au calme relatif. Marc Vaiter fait un voyage éclair à Paris pour rencontrer le romancier François Taillandier, pressenti pour lui tenir la plume. En sortant du rendez-vous, Taillandier rappelle Beccaria. «J'ai peur qu'on soit tombé sur un illuminé ou un zozo. J'ai peur de ne pas m'en sortir.» De son c