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Libération
Reportage

Morne scrutin législatif au plat pays : 40% des Belges n'iraient pas voter dimanche si ce n'était pas obligatoire.

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publié le 20 mai 1995 à 4h35

Bruxelles, envoyée spéciale

Sous la table du bistrot, un gamin joue avec son cartable. Sa grand-mère s'est endormie, la tête sur son coude replié, un verre de bière contre la joue. A côté, le reste de la famille parle football, et pleure un jeune joueur de l'équipe d'Anderlecht, qui vient de mourir dans un accident de la route. Et puis d'un coup, la grand-mère se réveille, la tablée hausse le ton. Dans la fin d'après-midi qui s'étire, cette semaine à Saint-Josse, quartier populaire de Bruxelles, quelqu'un vient de prononcer le mot «élection». «c'est bien mieux que les feuilletons télé», s'emballe la mère. En agitant les bras, le père égrène des «nom de Dieu, ça c'est quelque chose d'intéressant». Et puis il chante: «On a gagné, on a gagné», avant de préciser: «Moi j'étais pour Chirac.» Silence et quiproquo. La question tournait bien sur un scrutin, mais pas sur la récente présidentielle française. Dimanche 21 mai, la Belgique doit élire les représentants du Sénat, ceux de la Chambre et ceux des Assemblées régionales. «Les élections chez nous, ça ne nous intéresse pas», coupe la grand-mère déçue.

Si la Belgique a toujours été fascinée par son voisin hexagonal, la proximité des deux scrutins, de chaque côté de la frontière, à cette fois poussé le paradoxe à l'absurde. Presque en même temps, un journal belge a organisé une simulation de vote pour la présidentielle française qui a passionné les lecteurs, tandis que le quotidien le Soir publiait un sondage montrant que 40% des Belg