Rio, de notre correspondant
«Je rejette les étiquettes, qui conviennent davantage aux papillons épinglés dans les musées», dit-il, en feignant de s'offusquer d'être taxé de «conservateur» par la presse brésilienne unanime. Elu le 15 mai à la présidence de la Conférence nationale des évêques brésiliens (CNBB), la seconde en importance après celle d'Italie, Mgr Lucas Moreira Neves, 69 ans, archevêque de Salvador de Bahia et cardinal primat du Brésil, a pris solennellement les rênes d'une organisation, dominée vingt-quatre ans durant par le clergé progressiste acquis à la théologie de la libération.
«Il existe une théologie de la libération non seulement utile mais nécessaire. Il en est une autre qui n'a jamais obtenu de résultats valables en s'appuyant sur l'analyse marxiste. Je suis favorable à la première et opposé à la seconde», a déclaré Mgr Neves, au lendemain de sa victoire, remportée au troisième tour de scrutin, aux dépens de Mgr Jayme Chemello, l'évêque progressiste de Pelotas (Etat du Rio Grande do Sul). Jean Paul II a tout lieu d'être satisfait: le travail de sape dirigé, depuis son accession au trône de saint Pierre, contre les activistes de «l'option préférentielle en faveur des pauvres», porte enfin ses fruits.
Successivement vice-président du Conseil pontifical pour les laïcs, secrétaire de la Congrégation des évêques, puis du Collège des cardinaux, au cours des treize années qu'il a passées à la Curie romaine, Mgr Neves a gravi les échelons de la hiérarchie catho