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Libération
Reportage

Travail forcé sur le chantier d'un gazoduc en Birmanie. Des villageois sont enrôlés pour travailler au pipeline.

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publié le 26 mai 1995 à 4h44

Bangkok, de notre correspondant

Le chantier du gazoduc dont l'entreprise française Total assure la maîtrise en Birmanie prend peu à peu des allures de goulag, si l'on en croit de nombreux réfugiés qui ont fui récemment en Thaïlande. Leurs témoignages font état de la mobilisation de centaines de villageois par l'armée birmane, pour dégager une voie d'accès parallèle au tracé du pipeline, à cheval entre l'Etat môn et la division Tenasserim, au sud de la Birmanie. Le quotidien Bangkok Post a publié, le 7 mai, une enquête, détaillant l'existence du travail forcé dans le village de Hpaugdaw, district de Yebyu. Abritant 400 familles, en majorité des paysans, Hpaugdaw est divisé en six quartiers. Chaque quartier doit fournir tous les jours dix «travailleurs volontaires». Equipés de pelles et de pioches, ils aplanissent une bande large de cent mètres à travers le hameau, sans aucune compensation financière ou matérielle. Installées au milieu du tracé, neuf familles ont été transférées, leurs maisons et terrains confisqués.

«La famille Nyun Shwe a perdu deux acres de rizière; la famille Tun Ye trois acres de rizière... la famille Thein Maung quatre acres de rizière et quatre acres de plantation de cocotiers...», énumère le Bangkok Post, citant des habitants de Hpaugdaw. Les populations des quatres autres villages ­ Kaugma, Onbinkwin, Heinze et Kanbauk ­, tous situés le long du tracé du gazoduc, subiraient actuellement le même sort. La Birmanie a signé, le 2 février, un accord avec la T