Le gouvernement a beau répéter sur tous les tons que «la situation
est normale», le Chili est sur le qui-vive, à la veille du verdict de la Cour suprême, annoncé pour le début de la semaine prochaine et qui mettra fin au procès-fleuve intenté contre l'ancien chef de la DINA, la police secrète de la dictature militaire. Le général Manuel Contreras, 65 ans, aujourd'hui à la retraite, ainsi que son ex-second, le colonel d'active Pedro Espinoza, ont déjà été condamnés en première instance à sept et six ans de prison respectivement, pour avoir commandité l'assassinat du dirigeant socialiste Orlando Letelier, ministre des Affaires étrangères de Salvador Allende, perpétré en 1976 à Washington. La défense ayant fait appel,tout comme la famille Letelier qui estime la condamnation insuffisante, le dernier mot revient au tribunal suprême.
A en croire une rumeur croissante, celui-ci confirmerait le jugement, du moins en ce qui concerne Contreras. Mais l'ancien général s'est retranché dans la propriété forestière qu'il exploite dans le sud du pays, et assure qu'il n'ira pas en prison, préférant «mourir comme un soldat en combattant». «Le sang coulera», a menacé son fils Manuel, si des policiers tentent d'arrêter son père.
Réunis au grand complet la semaine dernière, ses collègues de l'armée de terre ont fait connaître leur «préoccupation devant la politisation d'un événement judiciaire». Quelle conduite adopteront-ils si l'ancien homme fort du régime militaire était condamné? Leurs réponses