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Libération

Jean Paul II lance un appel aux Eglises soeurs. La 12e encyclique accepte le débat sur le magistère romain.

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publié le 31 mai 1995 à 4h37

Dans la foulée de son soixante-quinzième anniversaire, le pape

décoche aujourd'hui sa douzième encyclique. Un texte centré sur l'engagement oecuménique intitulé Ut unum sint («Pour que tous soient un») qui, pour une fois, ne devrait pas provoquer les polémiques habituelles scandant les répétitifs rappels à l'ordre fulminants de Jean Paul II. Cette encyclique (une première sur ce sujet) frappe au contraire par son amène pondération et le respect attentionné des «Eglises soeurs». Fait sans précédent, le pape se félicite qu'une pomme de discorde aussi sensible que le principe romain de la primauté du successeur de Pierre soit soumise à débat théologique.

Avec la restauration du catholicisme à l'Est et la lutte inexpiable contre le «relativisme moral» qui gangrènerait les consciences de l'Occident chrétien, la réunion des «frères séparés» est un des leitmotive de Karol Wojtyla qui rêve de réunir les trois monothéismes pacifiés au sommet du mont Sinaï pour le grand jubilé de l'an 2000. Ut unum sint est une sorte de code de bonne conduite afin qu'à travers «la nécessaire purification de la mémoire historique» un milliard et demi de catholiques, orthodoxes et protestants puissent «abattre les murs de division et de défiance» qui les séparent. Le pape tourne le dos aux excommunications réciproques, nées du schisme de 1054 avec Constantinople et de la Réforme luthérienne du XVIe siècle, pour louer la prise de conscience «de l'enfermement dans la condamnation des autres de manière non