Etienne Fouilloux est professeur d'histoire contemporaine à
l'université de Lyon II. Dernier ouvrage paru: Au coeur du XXe siècle religieux (éditions de l'Atelier, 1993).
Comment se décline, selon vous, le credo oecuménique de ce pontificat?
Jean Paul II mêle la constante affirmation de son sincère engagement oecuménique, dans la ligne du concile Vatican II, avec des actes qui, manifestement, ne vont pas dans le même sens. On a souvent du mal à comprendre sa cohérence à cet égard. Le dernier exemple en date se situe lors de son récent voyage en République tchèque, les 20 et 21 mai dernier, où le pape a canonisé un prêtre catholique qui est une des incarnations de la Contre-Réforme (Jan Sarkander, victime des protestants au temps de la recatholicisation forcée, ndlr).
Comment expliquez-vous ce double langage?
Par un trait constant de ce pontificat: l'affirmation d'une identité catholique «universelle» très marquée, en raison de l'appartenance de Jean Paul II au catholicisme polonais aux frontières de l'Europe orientale.
Dans quel sens la chute du communisme a-t-elle bouleversé les relations avec les orthodoxes?
Avant 1989, les commissions de dialogue catholiques-orthodoxes avaient éludé la question des Eglises uniates (catholiques de rites orientaux en Ukraine et en Roumanie, ndlr). Les uniates, rayés de la carte avec l'accord des orthodoxes, ont resurgi en plein jour avec la volonté de récupérer leurs lieux de culte, parfois manu militari. Rome ne pouvait pas les ignorer. En outre,