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Libération

L'ex-junte chilienne rattrapée par la justice. Le général Contreras, premier dignitaire du régime militaire condamné, refuse d'aller en prison.

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publié le 1er juin 1995 à 5h46

Santiago,

de notre correspondant Télévisions et radios ont interrompu leurs émissions pour retransmettre en direct la lecture du «verdict historique». En une phrase, mardi à 18 heures, heure locale, tout est dit: la Cour suprême, saisie en appel, confirme le jugement de première instance qui condamnait le général Manuel Contreras à sept ans de détention, et son ancien bras droit, le colonel Pedro Espinoza, à six ans. Les deux anciens responsables de la Dina, le terrible service secret des premières années de la dictature militaire, sont reconnus «auteurs intellectuels» de l'assassinat du dirigeant socialiste Orlando Letelier et de sa secrétaire américaine, Ronnie Moffit, perpétré par leurs sbires à Washington en 1976.

Une clameur triomphale se propage dans les rues avoisinantes, où des milliers de personnes se sont réunies à l'appel des organisations de défense des droits de l'homme et des partis de gauche. Et de vieilles blessures se rouvrent: le centre-ville devient le théâtre de brefs mais violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Contreras condamné! «C'est la première fois en dix-neuf ans qu'un tribunal prononce une sentence pour le meurtre d'Orlando», souligne Fabiola Letelier, soeur de l'ancien ministre des Affaires étrangères de Salvador Allende. L'événement a une portée beaucoup plus générale: c'est la première fois aussi depuis le coup d'Etat de Pinochet, en 1973, qu'un haut dignitaire de l'ancien régime est condamné par la justice.

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