Washington, de notre correspondant
En amorçant mercredi un tournant majeur bien que pour l'instant purement conceptuel dans la doctrine américaine sur l'emploi éventuel de troupes en Bosnie, Bill Clinton a aussi déclenché une série de réactions qui donnent une idée de la réticence à laquelle se heurte cette ébauche de nouvelle politique dans l'opinion. Le président américain, à l'occasion d'un discours prononcé devant l'Académie de l'armée de l'air, à Colorado Springs, a pour la première fois envisagé que des contingents américains puissent être envoyés en Bosnie pour aider à un redéploiement des troupes de l'ONU. «Si nécessaire et après consultation du Congrès, je crois que nous devons être prêts à assister l'Otan si cette organisation décide d'accéder à une requête de l'ONU visant à aider un retrait, ou un redéploiement et un renforcement de ses forces.» Derrière les circonvolutions du langage, c'est ainsi une évolution majeure de la position américaine qui a été annoncée. Jusque-là, Clinton n'avait envisagé l'utilisation de troupes américaines que dans le cas où il aurait fallu favoriser et protéger une évacuation du contingent de l'ONU.
Cette nouvelle position américaine a été provoquée par les événements des derniers jours, et la prise d'otages des quelque 300 soldats de l'ONU qui ont placé les Etats-Unis dans une situation délicate vis-à-vis de leurs alliés et de l'opinion internationale: ce sont en effet les raids aériens de l'Otan la semaine dernière, intervenus aprè