Istanbul,
correspondance Depuis plus d'un an, chaque nuit de vendredi à samedi, des millions de Turcs restent sans dormir, vissés devant leur télévision. Siyaset Meydani («l'Arène politique»), le débat-marathon hebdomadaire de la chaîne de télévision privée ATV qui appartient au groupe Sabah , n'est pas une émission comme les autres. A cause de son immense audience, bien sûr, mais surtout par les règles qu'elle s'est fixées: le temps de parole est illimité et les intervenants ne sont jamais censurés. Du jamais vu dans un pays où les tabous politiques restent nombreux. Cette recette a permis à Siyaset Meydani de gagner la fidélité du public à Istanbul comme dans les villages perdus du plateau anatolien, mais aussi dans les cafés des banlieues de Francfort ou Paris, où les immigrés la suivent régulièrement grâce au satellite. Les élites ne sont pas en reste. Plus de mille personnalités, ministres, députés, chefs de partis, grands industriels, présidents de syndicats, chanteurs populaires ou écrivains ont ainsi fêté, le 1er mars dernier, le premier anniversaire de l'émission dans un palais des bords du Bosphore, pour une grande réunion baptisée, de façon significative, «Première Convention de la démocratie».
Ali Kirca, chef des informations et présentateur du journal télévisé d'ATV, mais aussi animateur de Siyaset Meydani, affirme: «La Turquie a besoin de débattre de ses propres problèmes, devant l'opinion publique, sans aucune restriction. Il y a bien entendu des lois, et des