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Libération
Reportage

L'anniversaire de Tian Anmen agite la dissidence chinoise. A Pékin, des pétitions exigent la libération des détenus politiques.

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publié le 3 juin 1995 à 5h43

Pékin, de notre correspondante

L'approche du sixième anniversaire du massacre de Pékin, les 3 et 4 juin 1989, a été marquée cette année par une recrudescence des activités «dissidentes». Depuis la mi-mai, cinq pétitions, comportant les signatures d'une centaine d'intellectuels de renom, de religieux ou d'anciens activistes du mouvement de 1989, ont été envoyées au président de la République, Jiang Zemin, et au président de l'Assemblée, Qiao Shi. Ils réclament une révision du verdict qui avait qualifié de «contre-révolutionnaire» le mouvement démocratique de Tian Anmen et une libération des prisonniers politiques (2.800 officiellement, 10.000 de source indépendante). Des familles dont l'un des membres a été blessé ou tué lorsque l'armée a réprimé les manifestations, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, ont demandé une indemnisation.

Les méthodes du régime n'ont guère changé. Au cours des deux dernières semaines, plus d'une douzaine de signataires ont été arrêtés. Une trentaine d'autres ont été interrogés pendant quelques heures, puis ont été envoyés hors de la capitale ou se sont vu «conseiller» de ne pas quitter leur domicile. Depuis le 24 mai, les arrestations se multiplient également en province, notamment à Hangzhou, Nankin et sur l'île de Hainan.

Les autorités chinoises redoutent les débordements et, depuis le réveil du mouvement dissident en décembre 1993, ont choisi de «tuer dans l'oeuf» la moindre tentative. Un dispositif de sécurité a été mis en place à Pékin depuis le 1