Pékin, de notre correspondante

Le sixième anniversaire du massacre du 4 juin 1989 à Pékin s'est déroulé en apparence sans incidents. Les grandes surfaces restées ouvertes tard samedi soir dans la capitale chinoise regorgeaient de consommateurs. Organisés pour détourner l'attention par les comités de quartiers, des spectacles de danse traditionnelle ont drainé des centaines de badauds, tandis que la télévision montrait samedi soir un film exceptionnellement choisi Une chatte sur un toit brûlant, pariant qu'Elisabeth Taylor et Paul Newman retiendraient les habitants chez eux. L'université de Pékin d'où était parti le mouvement étudiant en 1989 est restée calme. La plupart des Pékinois ont préféré éviter de se promener sur la place Tian Anmen, de peur d'être filmés par la sécurité. Seule, finalement, la présence de Jeep de la police armée aux principaux carrefours, de policiers en civil et de journalistes étrangers sur la place évoquait encore le souvenir de la nuit du 3 au 4 juin 1989, lorsque l'armée et les chars étaient entrés au coeur de Pékin pour réprimer dans le sang le mouvement démocratique, au prix de plusieurs centaines de morts dans la population. Le dissident Chen Ziming, qui souffre d'un cancer, a néanmoins annoncé qu'il avait entamé dimanche une grève de la faim pour commémorer les victimes du 4 juin.

Cet anniversaire a été l'occasion, pour la direction collégiale du Parti communiste chinois, de démontrer qu'elle maîtrise la situation. Pourtant, l'arrestation et l