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Libération

L'armée chilienne lâche le général Manuel Contreras. Elle joue l'amnistie totale en échange de sa loyauté.

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publié le 8 juin 1995 à 5h35

Santiago,

de notre correspondant Ironie de l'Histoire, le général Manuel Contreras fait de la résistance... Condamné à sept ans de détention ­peine confirmée il y a une semaine par la Cour suprême­ pour avoir ordonné en 1976 l'assassinat du dirigeant socialiste Orlando Letelier, l'ancien chef de la Dina, le service secret qui fit disparaître des centaines d'opposants à la dictature, se pose aujourd'hui en rebelle solitaire. A chaque interview, la même antienne: le «vieux soldat» retraité n'ira jamais en prison, pas même à l'hôpital militaire, comme le lui ont suggéré ses compagnons d'armes.

D'ordinaire peu bavard, Contreras fait soudain montre d'une remarquable prolixité. Sans rencontrer, chez les civils, d'autre écho qu'une réprobation unanime. Mais ses propos s'adressent avant tout à l'armée de terre, qu'il aimerait bien voir basculer à nouveau du côté de la sédition. Les déclarations ambiguës de certains officiers, formulées avant que ne soit connu le verdict de la Cour suprême, pouvaient lui donner des raisons d'espérer.

Or l'illusion s'est dissipée dimanche lorsque le général Pinochet a affirmé, à la télévision, que l'armée respecterait la résolution judiciaire. L'autorité du commandant en chef de l'armée de terre étant désormais engagée, il est improbable que des militaires enfreignent la discipline pour manifester publiquement leur soutien à Contreras. D'ailleurs, le colonel Espinoza, l'ancien numéro 2 de la Dina, condamné à six ans d'emprisonnement pour le même crime,