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Libération

La Colombie craint une invasion de ses territoires du nord par le Brésil

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publié le 14 juin 1995 à 5h28

Mobilisée face à une présumée menace d'«annexion informelle» par le

Brésil des territoires du Nord, la 9e division de l'armée de terre bolivienne a fait mouvement au début du mois en direction du département de Pando, où elle se déploie le long de la frontière brésilienne. C'est à la suite d'un séminaire militaire sur le thème «développement et souveraineté», à La Paz, que l'état-major a déclenché ces manoeuvres destinées à renforcer l'autorité de l'Etat bolivien sur une région de jungle amazonienne, vide d'hommes (40.000 habitants disséminés sur 64.000 km2), dépourvue de routes et pratiquement isolée du reste du pays.

Le préfet de Pando, Juan Carlos Riss, estime cependant que, «sans un programme cohérent de colonisation, l'arrivée de l'armée ne suffira pas à résoudre le problème posé par la fragilité de la présence bolivienne dans le département». De fait, ces dernières années, l'immigration clandestine de seringueiros (récolteurs de latex) et de garimpeiros (chercheurs d'or) brésiliens dans le Pando a pris de telles proportions qu'elle est désormais assimilée par le gouvernement bolivien à une alarmante «invasion pacifique» aux effets déjà perceptibles: dans la zone frontalière, le portugais est la langue dominante, et le real brésilien la monnaie d'usage. La Bolivie redoute un remake du scénario qui, au terme d'un processus identique, avait abouti à la perte, en 1903, de cent mille kilomètres carrés du territoire d'Acre au profit du Brésil.

Rectificatif Une regrettable conf