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Les minorités perdent la priorité aux Etats-Unis. Les programmes d'«affirmative action» seront limités.

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publié le 14 juin 1995 à 5h26

Washington,

de notre correspondant La Cour suprême des Etats-Unis a sauté à pieds joints dans l'un des débats politiques les plus intenses du moment en décidant lundi de limiter sévèrement les programmes dits d'«affirmative action», destinés depuis les années soixante à favoriser l'accès des Noirs et autres minorités «défavorisées» à l'éducation et à la prospérité économique. Dans le cas d'espèce qui lui était soumis, la Cour devait décider si l'Etat fédéral a le droit de favoriser, dans les contrats qu'il passe avec des entreprises, les firmes possédées et dirigées par les membres des minorités. Le directeur ­blanc­ d'une entreprise de construction du Colorado se plaignait d'avoir perdu un contrat de fourniture de barrières de protection d'autoroute au profit d'un entrepreneur d'origine hispanique, qui avait pourtant soumis une offre moins avantageuse pour l'Etat. La Cour, par une majorité de cinq juges contre quatre, a estimé que les programmes fédéraux d'«affirmative action» devaient être soumis à un «strict examen» et être «étroitement conçus» pour répondre à «un objectif incontestable de l'Etat».

Ni dans sa lettre, ni dans son esprit, la décision de la Cour suprême n'abolit l'«affirmative action», ce mouvement de politique volontariste qui, depuis trente ans, ouvre de force l'accès des Noirs, des Latino-américains ou même... des femmes à l'éducation (dans les universités), aux emplois et aux promotions (dans les entreprises) ou à la richesse entrepreneuriale (par le biai