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Libération

Huit bombes de trop pour le Pacifique. Canberra et Wellington dénoncent la reprise des essais nucléaires français.

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publié le 15 juin 1995 à 6h11

Sydney,

correspondance Mauvais jour pour téléphoner au consulat de France à Sydney. Le standard est en ébullition, les secrétaires en émoi et le fax bloqué par les lettres d'insultes qu'envoient des Australiens très en colère. C'est au réveil, décalage horaire oblige, qu'ils ont appris que Jacques Chirac avait décidé de faire exploser huit bombes supplémentaires dans les entrailles de l'atoll de Mururoa. Huit bombes de trop. Tous les pays du Pacifique Sud se doutaient bien qu'une reprise des essais nucléaires était imminente, mais l'annonce a fait l'effet... d'une bombe. Jeu de mots facile dont aucun journaliste des télévisions australiennes ne s'est privé.

Pourtant, l'humour n'est aujourd'hui pas de mise en Australie. On a le sentiment, à regarder les informations, que le pays oscille entre le deuil et la déclaration de guerre. Comme la voix, toute frémissante d'émotion, de Stéphanie Mills, qui mène l'expédition de Greenpeace sur le Rainbow Warrior II, actuellement en route vers la Polynésie. Après un coup de griffe pour dénoncer l'«arrogance française», la jeune femme a promis que l'organisation écologiste emploierait tous les moyens pacifiques possibles pour s'opposer aux tirs nucléaires. A défaut de prendre la mer, Les syndicats et les groupes antinucléaires australiens préconisent de bloquer le courrier à destination des ambassades de France dans le Pacifique Sud, de perturber les communications téléphoniques avec Paris et bien sûr de boycotter tous les produits français.