Ioan Stoica, le patron de la chaîne financière Caritas, à laquelle
près de 4 millions de Roumains ont participé, a été condamné vendredi à six ans de prison pour fraude. L'homme, qui aimait à se présenter comme le «messie» des Roumains, a été reconnu coupable d'avoir détourné plus de 200.000 francs, qu'il devait à la municipalité de Cluj où était installé le siège de Caritas. Arrêté en août 1994, il n'a cessé de clamer depuis qu'il «voulait sauver les Roumains de la pauvreté». Le jugement du tribunal de Cluj devrait être suivi d'autres procès. Stoica aura notamment à répondre de la disparition, lors de la faillite de Caritas, de sommes considérables placées par les épargnants.
Obscur comptable de province, Ioan Stoica était un inconnu jusqu'à ce qu'il ouvre en avril 1992 à Brasov sa «société de bienfaisance» Caritas, qui reprend le nom de la fameuse organisation caritative, mais n'a aucun rapport avec elle. Grâce à une «méthode magique», Stoica promet aux déposants de multiplier leur mise par huit en trois mois. Deux mois plus tard, il déménage à Cluj, en Transylvanie, qui va devenir le «nouvel eldorado» roumain. Par milliers, les déposants accourent de tout le pays; ils feront la queue jusqu'à deux jours durant pour déposer leurs économies. On estime que près de 5 milliards de francs passeront dans le système. Mais, comme toutes ces pyramides qui reposent sur une croissance exponentielle des déposants, elle ne fonctionnera qu'un temps. A la mi-1993, la chaîne connaît ses prem