Maître d'oeuvre de l'opération tchétchène à Boudennovsk, Chamil
Bassaïev, 31 ans, est l'un de ces chefs de guerre caucasiens alliant une parfaite connaissance du monde russe à sa farouche volonté indépendantiste. Après des études d'agronomie à l'université de Moscou, le jeune Tchétchène a regagné son village natal de Vedeno, au sud de la République indépendantiste qui défie l'armée russe depuis décembre 1994, au prix de sanglants combats. Lorsque le président élu Djokhar Doudaïev proclame la souveraineté de ce petit «sujet» de la Fédération de Russie, en novembre 1991, Chamil Bassaïev est galvanisé. Lui qui porte le nom du dirigeant légendaire de la résistance caucasienne à l'invasion russe au XVIIIe siècle, l'imam Chamil, originaire du Daghestan voisin mais devenu un symbole de l'irrédentisme tchétchène, répond à l'appel de l'aspiration indépendantiste: alors que certains responsables russes essaient d'employer la manière forte contre les rebelles tchétchènes en proclamant l'état d'urgence, il décide de détourner un Tupolev 154 d'Aeroflot, à Piatigorsk, au sud de la Russie, pour dénoncer les menées du Kremlin. L'action de son commando se termine sans effusion de sang, la politique de Moscou ayant entretemps viré à une approche plus pragmatique de la question tchétchène.
Se revendiquant de l'islam sans pour autant basculer dans le fondamentalisme, Bassaïev se laisse pousser la barbe, exalte comme nombre de jeunes Tchétchènes les vertus résistantes de ce peuple caucasien qui,