Entre Serbie et Bosnie, une frontière passoire Les Serbes de Bosnie ne manquent de rien. Le blocus décrété par Belgrade est de pure forme.

Drina, envoyé spécial A Dobrun, en territoire bosniaque, le poste frontière se situe dans un méandre de la rivière, encaissée entre deux parois montagneuses, abruptes. Deux cahutes de planches abritent des policiers qui jouent aux cartes. Une Yugo arrive de Serbie, ses passagers exhibent leurs papiers. L'un d'eux se dirige vers la cahute d'où il ressort avec sa Kalachnikov et la voiture reprend la route vers Visegrad ­ où le fameux pont du livre d'Ivo Andric, (Ndlr, le Pont sur la Drina, Balland), intact malgré les terribles batailles du premier printemps de la guerre, enjambe la Drina, douze kilomètres plus loin.

En territoire serbe, dix kilomètres en amont à travers des pâturages, deux barraques de moellons abritent des policiers, des douaniers et une buvette. Ici non plus les automobilistes ne sont pas retardés par les formalités. Pour un Serbe, de Serbie ou de Bosnie, elles sont simples: présentation de la carte d'identité et du livret militaire suffisent. Celui qui porte une arme la dépose à un poste et la récupère au retour. S'il possède un port d'arme, il marque le numéro sur un cahier gris.

La frontière entre la Bosnie et la nouvelle Yougoslavie (Serbie-Monténégro) s'étire sur 528 kilomètres, le long des rivières Sava et Drina, en Serbie, au pied des montagnes Rouges au Monténégro. Elle est entièrement sous contrôle militaire serb