C'est avec une remarquable célérité que Jacques Chirac a répondu à
la demande de Bernard-Henri Lévy: dès vendredi après-midi, le Président a reçu à l'Elysée un groupe de dix intellectuels (Bernard-Henri Lévy, Jacques Julliard, Alain Finkielkraut, Françoise Giroud, Pierre Hassner, Jean d'Ormesson, Paul Garde, Gilles Herzog, Francis Bueb, François Fejto) pour discuter de la Bosnie. Pendant une heure et quart, les dix ont pu exposer leur défense des Bosniaques devant Jacques Chirac et trois de ses conseillers. Ils sont sortis perplexes de cette rencontre, «désorientés», disent-ils.
Bernard-Henri Lévy a ouvert la séance par une question sur les révélations du New York Times (voir page précédente). Il a obtenu un démenti présidentiel «extrêmement brutal». Les dix ont ensuite exposé les raisons de leur démarche, rappelant une fois encore que la France devrait changer de politique dans l'ex-Yougoslavie, qu'il faudrait cesser de renvoyer dos à dos assiégés et assiégeants. Et ils ont insisté sur le rôle que pourrait jouer la France, «seul pays capable d'avoir un leadership moral dans l'affaire».
Jacques Chirac a beaucoup écouté, peu parlé. Il a cependant été précis sur plusieurs points. «Il nous a déclaré que le plan du groupe de contact accepté par toutes les parties sauf les Serbes de Pale n'est pas négociable, explique Bernard-Henri Lévy, ce qui exclut toute nouvelle reculade. C'est peu nouveau, mais rassurant.» Les intellectuels ont rappelé à l'ex-candidat sa promesse écrite, lors d