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Libération
Reportage

Confusion autour des urnes en HaïtiLe premier scrutin depuis le retour d'Aristide a été émaillé d'irrégularités.

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publié le 26 juin 1995 à 5h57

Port-au-Prince, envoyé spécial

«Il ne faut pas vendre la peau du cabri avant de l'avoir écorché.» Renaud Bernardin, ancien ministre du président Aristide, chef d'un petit parti de la coalition électorale soutenue par le chef de l'Etat, feint de ne pas croire à la victoire totale que promettent les observateurs à ses amis du Rassemblement Lavalas (en créole, «avalanche», «torrent»), le parti présidentiel. Les résultats des élections législatives, sénatoriales, municipales et locales qui se sont déroulées hier en Haïti ne seront pas connus avant une dizaine de jours, mais en l'absence de sondages, tout le monde s'accorde sur le pronostic: la popularité de Jean-Bertrand Aristide, restée massive, devrait assurer à ses partisans, qu'il a activement soutenus pendant la campagne, les dividendes électoraux de ce capital politique.

Les opérations de vote ont débuté hier matin dans une pagaille tropicale et avec une moyenne de deux heures de retard. L'inexpérience des assesseurs s'est conjuguée à l'extrême lenteur des électeurs à l'heure d'accomplir leur devoir civique. Souvent illettrés, il leur fallait en effet repérer le candidat de leur choix parmi d'interminables listes (27 partis sollicitaient les suffrages populaires) et répéter l'opération pour les quatre scrutins.

Au rythme enregistré à la mi-journée, il était évident qu'à peine la moitié des inscrits pourrait voter avant la clôture des urnes, prévue à 18 heures (minuit, heure française). «Mais le simple fait que l'élection ait