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Libération

L'Italie exhume l'affaire MatteiLa justice enquête après les révélations de chefs repentis de la mafia.

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publié le 28 juin 1995 à 5h53

Rome, de notre correspondant.

Le procureur adjoint de la République de Pavie, Vincenzo Calia, a fait ouvrir, mercredi dernier à Matelica, dans les Marches, la tombe d'Enrico Mattei et donné l'ordre d'exhumation du corps du grand patron de l'industrie italienne, mort dans un accident d'avion le 27 octobre 1962. Une équipe turinoise va à présent chercher sur les restes de Mattei les traces d'explosifs que des enquêteurs privés auraient remarqué sur les morceaux de l'avion. Cela confirmerait que le crash du Morane-Saulnier près de Bascapé, dans la plaine du Pô, ne fut pas un accident comme avait conclu à l'époque la version officielle, qui parlait d'erreur de pilotage.

Ce sont certaines déclarations de chefs repentis de la Mafia, comme Tommaso Buscetta, qui ont poussé le parquet à rouvrir l'enquête, trente-trois ans après les faits. Selon ces témoignages, la Mafia sicilienne aurait assassiné Mattei, alors président de l'ENI, la compagnie nationale des hydrocarbures, en simulant un accident. La Mafia aurait agi à la demande des «familles» de Cosa nostra aux Etats-Unis et peut-être en liaison avec l'administration du président Kennedy. Principal dirigeant des maquis catholiques antifascistes pendant la dernière guerre mondiale, Mattei était très populaire en Italie pour avoir été le premier à croire à l'indépendance énergétique des pays moyens, et défié le tout-puissant cartel des «sept soeurs», les grandes compagnies pétrolières britannico-américaines.

Mattei négociait directemen