Bangkok, de notre correspondant

Homme d'affaires multimilliardaire, leader du parti politique Palang Dharma (littéralement «le pouvoir de la vertu»), Thaksin Shinawatra, 46 ans, est l'étoile montante de la politique thaïlandaise en même temps que le «roi des télécommunications» du Sud-Est asiatique. Les enquêtes d'opinion auprès des classes moyennes de Bangkok le donnent favori pour le poste de Premier ministre, même si sa formation ne bénéficie que de 6% des intentions de vote pour les élections législatives qui auront lieu le 2 juillet. La nouvelle Assemblée nationale, à l'image de celle qui avait été dissoute le 19 mai dernier, ne disposera d'aucune majorité. Dans ce cas de figure, Thaksin pèsera lourd dans la formation d'une coalition gouvernementale.

Visage toujours serein, le port très droit, Thaksin est certainement le politicien thaïlandais le plus charismatique. Il est aussi le plus redouté. Il a réussi à se placer sur le devant de la scène politique en l'espace d'une campagne électorale. «Il m'a fallu vingt ans pour devenir leader d'un parti politique. Il a fallu à monsieur Thaksin seulement deux semaines», avoue Banharn Silparcha, le chef d'un des principaux partis du pays, le Chart Thai. A Bangkok, on ne parle que du «phénomène Thaksin». En mai, le retrait du Palang Dharma de la coalition sortante avait obligé le Premier ministre Chuan Leekpai à appeler à des élections anticipées. Chamlong Srimuang, le fondateur du parti, avait alors confié la direction du mouvem