Pale, envoyé spécial A Pale, aujourd'hui, la plus simple façon de boire quelques bières entre copains est de monter au front ou dans les hôtels. Depuis le début de l'offensive bosniaque, la Pansion Sandro, le Video Billard Caffé, la Pizzeria et les deux autres bistrots de la capitale des Serbes de Bosnie sont en effet fermés. La loi martiale n'affecte pas que Pale: l'alcool est interdit dans tous les établissements publics de Bosnie serbe et la plupart des restaurants ont été réquisitionnés comme cantines militaires. Les hommes de Pale sont mobilisés une semaine par mois en temps normal, mais trois semaines par mois en période de combat, comme ces temps-ci depuis que l'armée bosniaque est passée à l'offensive autour de Sarajevo.
L'hôtel Jahorina, sur la montagne du même nom, qui jadis accueillit la descente olympique dames, loge maintenant la 3e Brigade. Zoran Divic, ancien étudiant, originaire de Gorbavica, quartier serbe de Sarajevo où vivent ses parents, en fait partie. Il était monté à Pale dès le premier printemps de la guerre avec la certitude d'y demeurer le temps d'un été. Il s'était engagé dans l'armée avec patriotisme, dit-il. Trois ans plus tard, il porte toujours le treillis «parce qu'à Pale, il n'y a rien d'autre à faire, avoue-t-il. Pale, pour les jeunes, c'est la déprime. Pas de disco, pas de cinéma, pas de football. Seulement des campagnards, des nouveaux riches et des militaires.» Pale n'est pas un village de montagne comme on l'a souvent décrit. A dix kilo