COULISSES NATIONS UNIES
L'Amérique peut-elle se payer l'ONU?
Le Golden Gate avait été spécialement éclairé pour l'occasion et San Francisco, où le 26 juin 1945 s'était close la session inaugurale des Nations unies, avait à nouveau, cinquante ans plus tard, des airs de capitale du monde. Mais les orateurs américains (de Bill Clinton et Warren Christopher au journaliste vedette de ABC, David Binkley) dominaient toujours la scène. A tel point que les participants venus des autres pays membres de l'ONU ont cru participer à une cérémonie américaine d'autocongratulation. Après tout, le Cinquantenaire célébré ici qui, comme le rappelait cette semaine The New York Times, doit son nom à Roosevelt, était une institution dont, à l'origine, les Américains étaient les plus ardents supporters.
Cette mise en scène est aujourd'hui paradoxale: alors que la méfiance du public américain à l'égard de l'ONU retrouve les sommets de la présidence Reagan, affirmer, comme l'a fait Clinton dans son discours de San Francisco que l'histoire de l'organisation équivaut à «cinquante ans de preuve des mérites de la coopération internationale» n'est guère courant aux Etats-Unis où les critiques de l'ONU sont légion. Et pas seulement dans les rangs extrémistes des milices armées qui voient en elle un gouvernement mondial embryonnaire complotant contre leurs libertés. A en juger par la surenchère engagée par les candidats à l'investiture présidentielle du parti républicain (Bob Dole et Phil Graham en tête), une