Dans une salle d'audience bondée de journalistes turcs et de
diplomates, le romancier Yasar Kemal a comparu hier devant les juges de la Cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul. «Tôt ou tard je serai acquitté», a déclaré le célèbre auteur de Memed le mince, accusé de «propagande séparatiste» au titre de l'article 8 de la loi antiterroriste. Lui-même d'origine kurde, Yasar Kemal avait publié en janvier dernier dans l'hebdomadaire allemand Der Spiegel un article où il critiquait l'aveuglement des autorités dans le problème kurde et leur politique de répression systématique au nom de la lutte contre les rebelles turcs kurdes indépendantistes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan qui mène depuis dix ans la guérilla).
Le procureur a notamment reproché au romancier de parler dans ce texte de «guérilleros du PKK» et non pas de «terroristes séparatistes» comme le veut la terminologie officielle. Les juges ont par ailleurs refusé la demande des avocats de saisir le Conseil constitutionnel sur la validité de cet article 8 contraire à la Convention européenne des droits de l'homme signée par Ankara. La prochaine audience a été fixée au 27 septembre.
Au même moment, une délégation de trois juristes de la Commission européenne des droits de l'homme arrivaient à Ankara pour enquêter sur des plaintes portant sur la destruction d'un village kurde et l'expulsion de sa population, ainsi que sur des accusations d'enlèvement et de mauvais traitements par les forces de sécurité. Quelque 66 requêt