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Libération
Reportage

Aux portes de la Sibérie, les Cosaques veillentRessuscitée en 1991 «l'armée cosaque» tente de contrer l'immigration clandestine chinoise.

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publié le 26 juillet 1995 à 6h19

Extrême-Orient russe,

envoyée spéciale Plusieurs centaines de Chinois se pressent, comme tous les soirs, devant la minuscule gare de Graderkova, pour attraper le dernier train transfrontalier qui les ramènera vers leur pays. Malgré son allure campagnarde, avec ses murs en rondins et ses volets bleus, typiques des villes sibériennes, la station de Graderkova est le point de passage obligatoire des liaisons ferroviaires entre l'Extrême-Orient russe et la Chine du Nord. Le brouhaha des voyageurs s'amplifie avec l'approche du départ. Soudain, un rideau de silence. Deux Cosaques, chaussés de bottes de cuir noires montant au-dessus du genou, un sabre et une nagaïka (fouet de cuir tressé) glissés dans la ceinture, viennent de sauter de leur 4X4, encadrant quatre Chinois menottés. «Ce sont des clandestins que nous venons d'intercepter sur la frontière», annonce fièrement Nikolaï Nicrasof, en lissant sa moustache rousse. Sur sa veste de chasse cintrée, il a épinglé plusieurs médailles, dont une décoration représentant l'aigle à deux têtes, emblême de la Russie, gagnée par un aïeul lors de l'établissement de «l'Armée cosaque de l'Oussouri», en 1889. Nikolaï Nicrasof est aujourd'hui capitaine de cette «armée» ressuscitée.

Gardiens traditionnels des frontières de l'Empire tsariste, les Cosaques sont, depuis 1991, de nouveau autorisés à afficher leur identité. L'ouverture des frontières, longtemps closes, de la Sibérie orientale et la vague migratoire de Chinois de Mandchourie qui a suivi