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Interview

«L'armement des Bosniaques est une question cruciale»Zalmay Khalilzad, expert américain de la défense, esquisse les conséquences d'une levée de l'embargo.

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publié le 26 juillet 1995 à 6h48

New York, de notre correspondant

Zalmay Khalilzad, ancien sous-secrétaire adjoint à la défense dans l'administration Bush (entre 1991 et 1993), est aujourd'hui spécialiste des questions d'armement et de défense au centre de recherches Rand Corporation et l'auteur de nombreux articles consacrés à la Bosnie.

Quelle sera la conséquence d'un vote du sénat américain en faveur de la levée de l'embargo sur les armes en Bosnie?

Ce sera la réaffirmation du leadership américain: les Etats-Unis décidant de façon unilatérale ce qui doit être fait et forçant les autres parties à arrêter leurs positions en fonction de ce choix. C'est une rupture importante par rapport à la stratégie suivie depuis le début du conflit, qui consistait à suivre les Européens ou au moins à agir dans le cadre d'un consensus. Le vote ne sera toutefois réellement significatif que s'il recueille la majorité des deux tiers susceptible de contrer un veto présidentiel.

Les Etats-Unis sont-ils en position de reprendre ce leadership sans troupes sur le terrain?

Les troupes ne sont pas le seul élément qui compte. La décision de lever l'embargo s'ajoute à d'autres facteurs, comme l'évolution du rôle global des Etats-Unis, en particulier son poids dans le cadre de l'Otan, notamment au niveau de la puissance aérienne, et la nécessité pour les alliés du soutien américain pour la protection de leurs troupes en cas de retrait. Jusqu'à présent, ce n'est pas la puissance et la capacité militaire américaine qui ont fait défaut, mais