Pékin, de notre correspondante
Un nouveau coup vient d'être porté aux relations sino-américaines qui s'étaient déjà sévèrement dégradées ces dernières semaines. Les autorités chinoises ont diffusé hier les premières images de l'interrogatoire de Harry Wu. Dans cet enregistrement vidéo que, comble du cynisme, les organes de presse étrangers ont dû payer environ 15.000 F, le dissident chinois naturalisé américain, interrogé par quatre policiers, déclare avoir falsifié une partie des documentaires sur le travail des prisonniers et les trafics d'organes, qui avaient fait scandale après leur diffusion sur la BBC. Hier soir, la chaîne britannique a affirmé que les reportages de Harry Wu étaient «conformes à la vérité». «Nous ne pouvons pas savoir dans quelle situation se trouve monsieur Wu, et ce qui a pu l'amener à faire ces déclarations, si en réalité il les a faites», a déclaré un porte-parole de la BBC. Harry Wu, 58 ans, qui figurait depuis plusieurs années sur la liste noire de la sécurité chinoise, est cette fois accusé d'espionnage. Il a été intercepté à la frontière chinoise, le 19 juin, mais n'a été formellement arrêté que le 8 juillet. Son jugement est en cours dans la ville de Wuhan.
Harry Wu est l'homme qui a permis au monde de prendre conscience de l'ampleur du goulag chinois, où il a été lui-même détenu de 1960 à 1979. Exilé depuis 1985 aux Etats-Unis, dont il a acquis la citoyenneté, Harry Wu est retourné clandestinement à quatre reprises en Chine, entre 1991 et 1994