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Libération
Reportage

Le souffle de la démocratie au pays d'Aung San Suu KyiLa libération du prix Nobel birman ranime l'espoir.

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publié le 29 juillet 1995 à 6h43

Rangoon, envoyé spécial

Trois vendeurs ambulants se sont installés en permanence devant le 54 University Avenue, au centre de Rangoon. Ils vendent des confiseries, des fruits, des brochettes, de l'eau potable... Leur clientèle: les centaines de Birmans qui défilent chaque jour devant le domicile de Aung San Suu Kyi, la dirigeante de l'opposition birmane et prix Nobel de la paix 1991, pour lui signifier leur soutien dans son combat pour la démocratie. «Je suis le premier commerçant installé devant chez madame Aung San Suu Kyi», lâche avec une pointe de fierté Chan Mya, vendeur de brochettes au curry. «Je me suis placé sous sa protection. Avant, j'étais installé au carrefour à 500 mètres plus bas, mais la police me rackettait tout le temps.»

Aung San Suu Kyi, fille de l'artisan de l'indépendance de la Birmanie, Aung San, a été libérée le 10 juillet par le Slorc (Conseil d'Etat pour la restauration de la loi et de l'ordre), la junte au pouvoir, après six années d'assignation à résidence. Depuis, ses partisans se rassemblent tous les jours devant sa maison. Des étudiants, des mères de famille accompagnées de leurs rejetons, des fonctionnaires, des bonzes et parfois quelques touristes occidentaux... Ils sont environ 500 en semaine, plus d'un millier le week-end. Cheveux coupés en brosse, boucles d'oreille, un jeune rocker arbore un portrait de l'opposante cousu au dos de son perfecto noir. Des membres de la Ligue nationale pour le démocratie (LND), le parti politique qu'avait cof