En votant mardi à une écrasante majorité 298 voix contre 128 la loi visant à imposer une levée de l'embargo sur les livraisons d'armes à la Bosnie, la Chambre des représentants américaine a d'abord infligé à Bill Clinton et à sa politique étrangère l'une des plus formidables rebuffades qu'un Congrès des Etats-unis ait jamais infligées à un chef de l'exécutif. Tout comme le Sénat l'avait fait la semaine dernière, la Chambre a voté la mesure par une majorité supérieure aux deux tiers qui seront requis plus tard pour contourner le veto de Bill Clinton, qui ne fait pas de doute. L'espoir de la Maison Blanche est désormais de grignoter ces majorités par une campagne pressante auprès des quelques sénateurs ou représentants démocrates susceptibles de changer d'avis. Les conseillers de Clinton espèrent qu'avec les délais prévus et les vacances du Congrès un second vote n'aura lieu qu'en septembre, et ils tablent sur une évolution de la situation en Bosnie qui pourrait d'ici là faire réfléchir quelques élus.
Voilà pour le côté cuisine, où la manière de tambouiller le plat final n'est pas toujours des plus ragoûtantes: pour faire pression sur les élus démocrates, la Maison Blanche promettra à l'un, fera chantage sur l'autre, usera de tous les moyens notamment budgétaires qui peuvent faire «réfléchir» un élu. Seul la fin compte ici, puisqu'il s'agit d'éviter au Président de voir son veto annulé par le Congrès, ce qui ajouterait l'insulte à l'injure. Mais, au-delà de l'ardent exe