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Libération

Rome exile une nonne féministeLa Brésilienne Ivone Gebara avait déclaré que l'IVG n'était pas un péché.

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publié le 4 août 1995 à 7h41

Rio, de notre correspondant

Décidé à museler les derniers porte-voix de la «théologie de la libération», Jean Paul II a pris l'habitude, l'été venu, de lancer ses foudres sur le «clergé rouge» brésilien. Cette année, c'est la figure de proue du «féminisme catholique», Ivone Gebara, une religieuse favorable à la légalisation de l'avortement, qui est la cible de l'offensive du Vatican. Soucieuse de lui prodiguer un cadre propice à la méditation rédemptrice, la congrégation pour la doctrine de la foi, gardienne du dogme, vient de lui imposer un exil de deux ans dans un institut de théologie belge, durant lequel elle sera soumise au «silence obséquieux» (interdiction de se manifester publiquement).

Membre d'une congrégation religieuse implantée dans une banlieue pauvre de Recife, dans le Nordeste, Ivone Gebara, théologienne et auteur de plusieurs ouvrages sur la discrimination des Filles d'Eve dans l'Eglise catholique, avait semé l'émoi au sein de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) en confiant, fin 1993 à l'hebdomadaire Veja, que «l'avortement n'était pas à ses yeux un péché». Estimant que ces propos sentent quelque peu le fagot après la publication, en mars, de la XIe encyclique papale qui condamne les «attentats à la vie», le Saint-Siège repasse à l'offensive sur le front brésilien, ultime bastion encore solide de l'«Eglise des pauvres» en Amérique latine.

Car la sanction qui frappe la religieuse des favelas de Recife n'est pas un coup de crosse isolé. Au cours