L'opposition ivoirienne, au travers de sa presse, a lancé hier un
appel à la mobilisation pour que le code électoral soit révisé et que le principal rival du président Henri Konan Bedie, Alassane Dramane Ouattara, puisse se présenter à la présidentielle d'octobre. A deux mois des élections, l'ex-Premier ministre Ouattara a en effet annoncé qu'il acceptait d'être le candidat de l'opposition centriste, à condition que le code électoral le lui permette. Or l'une au moins des clauses d'éligibilité de cette loi, votée en décembre 1994 par une Assemblée nationale acquise à Bedie, le lui interdit: tout candidat doit avoir résidé dans le pays sans discontinuer pendant les cinq ans précédant le scrutin. Celui que l'on appelle familièrement ADO est directeur général-adjoint du Fonds monétaire international et installé depuis plus d'un an à Washington.
Le vote de cette loi, moins d'un an avant la présidentielle, a été compris par une partie des Ivoiriens comme une arme anti-Ouattara. Le président Bedie et ADO sont de vieux rivaux qui se sont disputés le fauteuil présidentiel en décembre 1993, à la mort de Félix Houphouët-Boigny. Ouattara, alors Premier ministre, avait dû le céder à Bedie, président de l'Assemblée nationale et dauphin constitutionnel.
La mise à l'écart du candidat de l'opposition présente le risque de réveiller les vieux démons ethniques ou religieux dont Houphouët avait su préserver la Côte-d'Ivoire. L'actuel chef de l'Etat est, comme Houphouët, catholique et baoulé (et