Surcin (Voïvodine), correspondance particulière.
L'exode dramatique des 150.000 réfugiés serbes de Krajina, qui ont fui la reconquête croate, provoque de nouvelles tensions ethniques en chaîne, en particulier en Serbie, où la plupart des réfugiés se sont dirigés. Située à 15 kilomètres de Belgrade, Surcin est une bourgade de 20.000 habitants de Voïvodine, province de la Serbie où vivent des minorités hongroise et croate. Depuis l'arrivée des premiers réfugiés jeudi dernier, les 700 Croates de Surcin vivent dans la peur. Le prêtre a été menacé de mort; des pierres ont été lancées contre l'église catholique et les réfugiés tentent de déloger les Croates de leurs maisons. Près de l'église, une vingtaine d'hommes et de femmes s'étaient rassemblés dimanche. Tous sont encore sous le choc, les traits tirés par les nuits sans sommeil. Sur les conseils du prêtre, aucun ne donne son identité, par peur de «vengeances».
Un homme d'une quarantaine d'années raconte comment sa vie a basculé la semaine dernière, mais son histoire n'a rien de singulier: «Jeudi dernier, une vingtaine de réfugiés sont arrivés chez moi. J'étais avec ma femme et ma petite fille. Ils nous ont insultés, puis ils nous ont mis hors de chez nous. Mon gendre, qui est serbe, a averti la milice. Les policiers ont arrêté ces réfugiés. Depuis, le harcèlement continue. Toutes les dix minutes, des gens sonnent à notre porte et nous demandent quand nous partons pour Knin ou pour Zadar (en Croatie). Certains nous proposent la