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Le serial killer des parcs moscovites

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18 meurtres et viols de cadavres sont attribués à Sergueï Riakhovski
publié le 22 août 1995 à 7h18
(mis à jour le 22 août 1995 à 7h18)

Moscou, de nos correspondants

Campé sur ses lourdes jambes, à distance réglementaire des barreaux de sa cage, Sergueï Riakhovski reçoit sans ciller la sentence. «La mort», annonce le juge, sur le même ton monocorde qui a présidé à l'interminable lecture de l'acte d'accusation: une description par le menu des 18 meurtres et viols de cadavres dont a été reconnu coupable ce colosse de 32 ans, 2 m pour 135 kg, à l'allure si placide que la perspective d'une balle dans la nuque ne semble guère émouvoir.

Seul dans son box ceint d'acier, celui que la presse russe a surnommé «l'hippopotame» ne partage ses pensées avec personne. Son avocat lui a fait faux bond, étonnamment absent de l'audience. Les miliciens qui le flanquent fixent, gênés, le drapeau russe qui orne le tribunal. Sur les bancs du public, l'une des jurés essuie une larme. Empêtré dans sa toge noire, le juge reprend sa fastidieuse lecture, redistribuant à leurs propriétaires ou à leurs héritiers les objets personnels des victimes trouvés chez l'assassin ­ une montre, un tee-shirt, un foulard, un parapluie ­, avant de faire évacuer la salle.

Ainsi s'achève, dans une traditionnelle confusion, le premier procès de la Russie postsoviétique à l'issue duquel un jury d'assises a prononcé un verdict de culpabilité ayant entraîné une peine capitale. Un tournant dans «la démocratisation du système judiciaire», estime Valéry Savitsky, représentant du chef de l'Etat auprès de la Cour constitutionnelle et pilote de la réforme du code pén