Menu
Libération

Le président chilien s'attaque aux séquelles de la dictature de Pinochet. Un projet de réforme veut limiter les prérogatives militaires dans la vie publique.

Article réservé aux abonnés
publié le 23 août 1995 à 7h16

Santiago,

de notre correspondant Eduardo Frei a fait taire ceux qui lui reprochaient de se tenir trop en retrait depuis que le torchon brûle entre l'armée de terre et la coalition de centre gauche au pouvoir. Le président chilien a pris l'initiative lundi en s'attaquant dans un discours aux «enclaves autoritaires institutionnelles» que la démocratie a héritées de l'ancien régime, cinq ans après le retour des militaires dans leurs casernes.

Son offensive prend la forme d'une ambitieuse réforme constitutionnelle, ainsi que d'un projet de loi qui permettrait d'apporter quelque lumière sur le sort des détenus disparus pendant la dictature. La réforme en question porte sur la composition du Conseil constitutionnel et du Conseil national de sécurité, au sein desquels les commandants en chef exercent toujours leur «droit de regard» sur la vie publique. D'autre part, Frei entend mettre un terme au mandat de neuf sénateurs inamovibles désignés par les autorités de l'ancien régime, et dont la présence garantit aux conservateurs la majorité à la Chambre haute.

En matière de droits de l'homme, le projet d'Eduardo Frei vise surtout à localiser, les cimetières clandestins où ont été enterrées des centaines de victimes de la répression. Pendant deux ans, les juges pourraient ainsi recueillir le témoignage de «ceux qui savent» sans pour autant engager de poursuites, respectant ainsi la loi d'amnistie décrétée par les militaires eux-mêmes en 1978. Les associations de parents de victimes n'en c