Menu
Libération

La grande peur des banquiers russes

Article réservé aux abonnés
publié le 24 août 1995 à 7h15

A Moscou, les banquiers ne veulent plus servir de cible au crime

organisé. Preuve de leur inquiétude, les présidents des banques les plus influentes du pays sont venus manifester la semaine dernière autour du monument dédié aux victimes des répressions politiques, dans un rassemblement incongru de complets gris et de téléphones portables. Terrorisés par une vague d'assassinats qui décime leurs rangs, ces «businessmen», habituellement protégés par un mur de gros bras ou leurs limousines blindées, ont risqué le bain de foule. Par ce meeting aussi maigre qu'élitiste, ils espéraient sensibiliser l'opinion au sort des «hommes d'affaires honnêtes» et inciter l'Etat à agir.

Déclencheur de la manifestation, l'empoisonnement, il y a deux semaines, de Ivan Kivelidi, président de la Rosbusinessbank. Il se disait défenseur de l'économie de marché contre le monopole mafieux. Sa mort porte à 26 le nombre de banquiers assassinés en Russie depuis trois ans. Son combiné téléphonique aurait été enduit de poison.

Les théories sur les raisons de cet assassinat fusent. Meurtre mafieux ou politique? Ivan Kivelidi a aussi pu être assassiné par un débiteur insolvable, une pratique courante dans un pays où «le meurtre est devenu un moyen de régler ses problèmes» admet Guaréguine Tossounian, vice-président de l'association. Mais seules quatre parmi les quatre-vingt-cinq tentatives d'assassinats de banquiers des dernières années ayant été élucidées, personne n'espère vraiment connaître un jour la vérité