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Le loser de cinéma avait la gâchette sensible

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Au cours d'une dispute dans un bar de Titograd, au Monténégro, Zarco Lausevic, star du cinéma yougoslave, a sorti son revolver et descendu trois consommateurs.
publié le 24 août 1995 à 7h15
(mis à jour le 24 août 1995 à 7h15)

L'été est chaud et lourd cette année-là à Titograd. A deux cents kilomètres, de l'autre côté de la frontière, la purification ethnique se poursuit au nord de la Bosnie. Le bombardement de Sarajevo, où ils aimaient se rendre, trouble les Monténégrins plus qu'ils ne peuvent le dire. La mobilisation militaire perturbe les hommes. L'embargo durcit le climat nationaliste. Pour la première fois, les jeunes ne peuvent aller bronzer sur les plages dalmates et les touristes boycottent les chalets du Monténégro. Toutefois, cette tension n'affecte pas le festival estival de Budva, à quelques kilomètres de la capitale.

En cette soirée du 30 juillet 1992, le public assiste sur la place principale à la pièce le Faux Roi Scepan, avec pour acteur principal Zarko Lausevic. Après la représentation, ce dernier et son frère Branimir raccompagnent leur mère dans son village et regagnent la capitale. Boulevard Lénine, dans un quartier moderne, ils s'arrêtent à la terrasse du bar Apple, un kiosque à boisson typique du pays. La chaleur de la journée persiste, qui a poussé tout le monde dehors. A deux pas, une bande de six garçons chahutent bruyamment. Zarko Lausevic se lève pour commander les bières et les brochettes de cevapcici (tchevaptchitchi) au bar, et demande aux jeunes de la mettre en sourdine. L'un d'eux, Radovan Vucinic, en train de payer l'addition, le reconnaît et lui demande si quelque chose ne va pas. L'acteur, natif du coin, comprend immédiatement que l'affaire risque de mal tourner