Les autorités turques avaient longtemps misé sur un accord entre les
Kurdes irakiens et Saddam Hussein pour stabiliser la situation dans le nord de l'Irak, région limitrophe de leur frontière. Elles se sont finalement ralliées aux thèses de Washington. Le porte-parole de la diplomatie turque se déclare même «optimiste» sur les chances de réussite du nouveau plan américain, décidé la semaine dernière à Dublin et approuvé par les fractions kurdes d'Irak du Nord, le PDK (Parti démocratique du Kurdistan) de Mamouhd Barzani et l'UPK (Union patriotique du Kurdistan) de Jalal Talabani. Selon un diplomate turc, le gouvernement «étudie la probabilité d'un changement de régime à Bagdad» et reconnaît désormais le Congrès national irakien (CNI), le front des opposants au régime de Saddam.
La volte-face est complète. L'objectif premier des autorités turques est de «liquider» les bases arrière du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui mène la guérilla contre Ankara depuis douze ans. Les services de renseignement turcs estiment que quelque 5.000 combattants du PKK seraient à nouveau dans les montagnes du nord de l'Irak, à peine trois mois après la fin de l'«opération Acier» qui, avec ses 30.000 soldats, avait représenté la plus importantes des interventions de l'armée turque au-delà de sa frontière sud-est. Cette région, qui se situe entre le 36e parallèle et la frontière turco-irakienne, est depuis la fin de la guerre du Golfe sous la protection des forces alliées (France, Grande-Bre