Personnage charismatique, affichant la quarantaine, Yantra Ammarobikkhu est une des personnalités les plus en vue du bouddhisme thaï, en même temps que l'un de ses prédicateurs les plus riches. Le temple Rachathiwas de Bangkok, la pagode à laquelle il appartient, accueille chaque jour des centaines de pèlerins venus des quatre coins du pays. Ses trois fondations religieuses fonctionnent comme de véritables entreprises, avec un conseil d'administration et une dizaine de comptables. Elles suscitent des donations en distribuant livres et photos dédicacées du moine aux fidèles en Thaïlande, mais aussi à l'étranger, notamment en Australie, aux États-Unis et dans les pays scandinaves. Son enseignement a attiré, au fil des années, un noyau solide de disciples, pour la plupart des femmes, épouses d'hommes politiques ou d'importants hommes d'affaires.
C'est peut-être pourquoi le bonze Yantra n'a pas su résister aux plaisirs de la chair et a brisé son voeu de célibat, provoquant un scandale qui a fait la une des journaux et alimenté les débats télévisés pendant quinze mois. Accusé d'avoir eu des rapports sexuels avec des femmes, dont une affirme avoir eu un enfant de lui, il a été défroqué le 31 mars 1995. Les Thaïlandais se sont passionnés pour un procès public enflammé et parfois salace, qui a rejailli sur l'ensemble de la hiérarchie bouddhiste, un des piliers de la nation thaïe, avec la royauté.
Tout a commencé par un entrefilet dans les journaux, au début de l'année dernière. Chanti