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Libération
Interview

Harry Wu: «Pékin veut utiliser la présence de Mme Clinton»Pour le dissident sino-américain, la Conférence est une bonne occasion de dénoncer le goulag chinois.

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publié le 2 septembre 1995 à 8h40

Harry Wu (né Wu Hongda il y a 58 ans en Chine) a passé dix-neuf ans,

entre 1960 et 1979, dans les camps de rééducation chinois en tant que «contre-révolutionnaire». Toute sa famille a été persécutée. En 1985, il a été autorisé à émigrer aux Etats-Unis et naturalisé américain. Il est devenu un des principaux chercheurs sur le système concentrationnaire chinois, et s'est rendu à quatre reprises clandestinement en Chine pour y réaliser des reportages sur le goulag chinois.

Le 19 juin, il a été arrêté alors qu'il entrait en Chine en venant du Kazakhstan et a été au centre d'un regain de tension entre les Etats-Unis et la Chine. Condamné à quinze ans de prison le 24 août sur l'accusation d'«espionnage», il a été expulsé le jour même. Il a répondu aux questions de Libération par téléphone de son domicile de Milpitas en Californie.

Que pensez-vous de la participation de personnalités comme Hillary Clinton et Bernadette Chirac à la Conférence de Pékin?

Je n'ai pas à l'approuver ou la condamner. Si elles y vont pour dénoncer depuis la tribune de la Conférence les violations des droits de l'homme et le goulag chinois, pourquoi pas? C'est une occasion rare de s'exprimer sur ce sujet à Pékin. Elle seront les hôtes du gouvernement chinois. Celui-ci devra les laisser s'exprimer librement.

Croyez-vous qu'elles puissent suivre votre conseil?

Non. J'ai prévenu Mme Clinton que les dirigeants chinois veulent utiliser sa présence dans leur propagande, pour montrer à la population l'influence et le p