Grâce au million de réfugiés rwandais dans l'est du Zaïre, le
maréchal-président Mobutu est en passe de réussir son come-back. Rien n'est laissé au hasard: à grands frais de lobbying, plus de 7 millions de francs selon nos informations, l'opération «réhabilitation» a été lancée, à la mi-juillet, aux Etats-Unis. Depuis, sous couvert du Centre Carter, l'ONG très politique de l'ancien président américain, Bill Clinton et le secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, négocient le retour à la respectabilité internationale de Mobutu en échange de son aide à la pacification de l'Afrique des Grands Lacs, autour du Rwanda et du Burundi.
Rivalité franco-américaine aidant, Paris n'est pas demeuré en reste: le 17 août, Jacques Foccart, l'officieux conseiller africain de l'Elysée, a reçu Mobutu chez lui à Cavalaire. Deux jours plus tard, depuis le fort de Brégançon, Jacques Chirac s'est longuement entretenu au téléphone avec le maréchal zaïrois, au repos dans sa Villa del Mar, à Cap-Martin. Au cours d'une amicale conversation, le pécheur a fait acte de contrition: «Jacques, si j'ai fauté, il faut me pardonner...» C'est fait: alors que son entourage directement impliqué dans le pillage du Zaïre et, notamment, dans un vaste trafic de fausse monnaie était resté interdit de séjour en France, le principal homme d'affaires de Mobutu, Bemba Saolona, «mandataire de l'Etat» et détenteur d'un passeport diplomatique (N D 035029), vient de passer cinq jours à Paris.
Chronique d'un r