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Libération
Enquête

Le retour en grâce négocié de Mobutu. Le président zaïrois promet d'aider à régler les crises au Rwanda et au Burundi.

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publié le 2 septembre 1995 à 8h39

Grâce au million de réfugiés rwandais dans l'est du Zaïre, le

maréchal-président Mobutu est en passe de réussir son come-back. Rien n'est laissé au hasard: à grands frais de lobbying, plus de 7 millions de francs selon nos informations, l'opération «réhabilitation» a été lancée, à la mi-juillet, aux Etats-Unis. Depuis, sous couvert du Centre Carter, l'ONG très politique de l'ancien président américain, Bill Clinton et le secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, négocient le retour à la respectabilité internationale de Mobutu en échange de son aide à la pacification de l'Afrique des Grands Lacs, autour du Rwanda et du Burundi.

Rivalité franco-américaine aidant, Paris n'est pas demeuré en reste: le 17 août, Jacques Foccart, l'officieux conseiller africain de l'Elysée, a reçu Mobutu chez lui à Cavalaire. Deux jours plus tard, depuis le fort de Brégançon, Jacques Chirac s'est longuement entretenu au téléphone avec le maréchal zaïrois, au repos dans sa Villa del Mar, à Cap-Martin. Au cours d'une amicale conversation, le pécheur a fait acte de contrition: «Jacques, si j'ai fauté, il faut me pardonner...» C'est fait: alors que son entourage ­directement impliqué dans le pillage du Zaïre et, notamment, dans un vaste trafic de fausse monnaie­ était resté interdit de séjour en France, le principal homme d'affaires de Mobutu, Bemba Saolona, «mandataire de l'Etat» et détenteur d'un passeport diplomatique (N D 035029), vient de passer cinq jours à Paris.

Chronique d'un r