Fallait-il aller à Pékin? Depuis le début de la semaine, plusieurs
personnalités plaident dans les médias français le pour et le contre. Les «pour», comme Jack Lang, l'une des personnalités désignées par Boutros Boutros-Ghali pour le conseiller dans la préparation de la Conférence des femmes de l'ONU qui s'ouvre lundi, parient sur «l'élan que les 30.000 déléguées réunies à Pekin, originaires des cinq continents, auront imprimé à la libération des femmes en Chine et dans le monde» (1). Les «contre», comme Elisabeth Badinter, s'insurgent contre la «faculté d'amnésie sans limite» (2) des pays qui, quelques années plus tôt, s'indignaient du massacre de la place Tian Anmen et plus récemment de l'arrestation du dissident sino-américain Harry Wu (voir entretien).
Ce débat s'ouvre un peu tardivement. Les Nations unies ont accepté que Pékin organise la Conférence des femmes en dédommagement des jeux Olympiques de l'an 2000, confiés à Sydney en 1993. Malgré d'épuisantes tracasseries bureaucratiques, les femmes appartenant à des associations ou des Organisations non gouvernementales ont réussi à obtenir leur visa pour la Chine. Elles sont aujourd'hui à Huairou, isolées certes à 60 km de la capitale dans des conditions souvent difficiles, mais leurs travaux, leurs manifestations en faveur des droits de l'homme sont retransmis dans le monde entier. Le refus opposé par Pékin à quelque 3.000 d'entre elles n'en est que plus visible. Hier, malgré une présence policière importante, neuf femmes