Belgrade, envoyé spécial
Au plus fort des raids aériens de l'Otan, la télévision d'Etat serbe a ouvert la semaine dernière son journal sur la visite du négociateur américain Richard Holbrooke à Slobodan Milosevic, reléguant en fin d'émission quelques images des destructions opérées par des avions de l'Otan, sans donner de bilans de pertes, ni même tenter d'attiser un sentiment de compassion pour les frères serbes de Bosnie. Les principaux quotidiens qui reflètent les vues gouvernementales ont titré eux sur «la victoire de la politique de paix du président Slobodan Milosevic», alors que les bombes continuaient de tomber sur Pale. Alekha Djilas, professeur de sciences-politiques note: «Les pressions politiques et économiques de la communauté internationale étranglent lentement mais sûrement la Yougoslavie. Dans ce contexte, Slobodan Milosevic n'a d'autre choix que d'accepter le plan de paix du groupe de contact qui en soi n'est pas mauvais pour les Serbes.» C'est aussi l'opinion du principal leader d'opposition Vuk Draskovic, chef du parti du Renouveau serbe, qui a rencontré il y a quinze jours Slobodan Milosevic à la demande de celui-ci: «Slobodan Milosevic a le droit à l'erreur. Il m'a jeté deux fois en prison et il a compris maintenant l'impérieuse nécessité d'arriver à la paix, même si la paix lui fait peur», explique-t-il à Libération.
Belgrade bruit de rumeurs selon lesquelles Vuk Draskovic pourrait appartenir à un futur gouvernement. Vraies ou fausses, ces rumeurs visent